Vendredi 11 avril 2025 : Budget Primitif 2025

La semaine du 7 au 11 avril, le Conseil départemental votait son budget pour 2025. L’occasion pour les élu·es La Vienne en transition d’intervenir sur plusieurs projets de la droite départementale.

Sarah Rhallab en séance

Commission Climat et Développement Durable :

Grégory Vouhé a dénoncé l’arrêt de l’aide pour la création d’un assainissement non collectif et l’arrêt des sorties nature dans les Espaces naturels sensibles du département :

Le groupe a voté contre.

Commission Routes, Mobilités :

Ludovic Devergne a dénoncé les baisses de moyens pour la sécurité des habitant·es de la Vienne. Le groupe a voté contre.

Budget agriculture et ruralité :

Florence Harris a exprimé son inquiétude sur la politique menée par la droite départementale : « Lors de la réunion de la commission Agriculture, Ruralité de lundi, j’ai exprimé mes préoccupations concernant les crédits restants pour la chambre d’agriculture, le salon « La Ferme s’invite » et les associations œuvrant dans ce secteur.

Récemment, le président de la chambre a lancé une alerte, soulignant la détérioration des relations avec le département, la baisse continue des crédits depuis le début du mandat et les exigences accrues imposées par le département.

Je suis particulièrement inquiète pour les petites associations aux moyens limités. Elles emploient des chargés de mission qui jouent un rôle crucial dans l’aide aux agriculteurs et la préservation de la biodiversité en agriculture, essentielle pour la souveraineté alimentaire. Des emplois sont en jeu, et certaines associations risquent de devoir en supprimer à cause des décisions du département. »

Le groupe a voté contre.

Commission Aménagement du Territoire :

Ludovic Devergne s’est interrogé sur les baisses de subventions pour les aides aux communes (10%), et a questionné le manque de soutien du Département envers l’agglomération de Grand Poitiers.

Le groupe a voté contre.

Aéroport de Poitiers-Biard :

Ludovic Devergne a remarqué le maintient des subventions pour l’aéroport. Apparemment, les efforts budgétaires ne semblent pas s’appliquer à tout le monde, d’autant plus que l’aéroport est excédentaire de 900 000€.

En cohérence avec sa posture depuis son élection, le groupe a voté contre.

Budget politique vieillesse :

Ludovic Devergne a demandé une augmentation du point GIR. Le département de la Vienne est classé 5ème département le moins généreux sur ce point. L’objectif de la droite départementale de remonter à la moyenne nationale avant la fin du mandat n’est visiblement pas atteignable.

Le groupe s’est abstenu

Budget action sociale :

Florence Harris a dénoncé les décisions de la droite départementale sur l’action sociale : « Le budget de l’action sociale diminue de 19 % par rapport au compte administratif de 2024. Nous ne pouvons pas approuver une telle régression sociale.

Je souhaite juste évoquer un exemple pour illustrer mon propos : les aides d’urgence dont le montant de 70 € était déjà dérisoire, subissent une réduction significative. Désormais, il est déplorable que le montant de ces aides soit de seulement 50 €. Cette somme est si faible que les usagers risquent de ne pas avoir le courage de rassembler tous les justificatifs nécessaires pour une aide aussi minime. Au contraire, le montant de cette aide devrait être augmenté, car les personnes qui demandent des aides d’urgence ont souvent besoin de beaucoup plus.

J’aimerais bien que les usagers puissent faire des dossiers aussi légers que ceux de l’association des internes en médecine générale ou du syndicat des jeunes agriculteurs, qui ont obtenu des subventions respectives de 3 000 € et 10 000 € avec un simple courrier, un budget prévisionnel et la promesse d’un stand ou d’une intervention des représentants du département. Il semble que le département n’a pas été aussi exigeant pour accorder des subventions à ces associations, malgré des dossiers quasiment vides, pour des sommes aussi importantes. »

Le groupe a voté contre.

Budget famille/enfance :

En propos liminaire de l’intervention, Florence Harris a demandé la confirmation que les crédits fléchés pour la prévention spécialisée sont bien de 918 000 € au lieu de 774 000 € dans le rapport qui avait été fourni aux élu·es

« Une petite remarque : vous indiquez que le budget augmente de 3,59 % par rapport au BP 2024, mais en réalité, il n’augmente que de 1,33 % par rapport au compte administratif de 2024. Il s’avère que le BP 2024 a été sous-estimé par rapport aux besoins réels. Cela me laisse des doutes quant à ce nouveau BP 2025, notamment le budget prévisionnel pour les MNA (mineurs non accompagnés). La baisse importante les concernant est essentiellement due à une réduction des crédits pour payer l’hôtel, car ce public est souvent orienté vers les hôtels, comme le souligne le rapport parlementaire sur l’ASE (aide sociale à l’enfance).

Et d’ailleurs, ce rapport sur l’ASE, avez-vous entendu dans les médias ? Il décrit une situation générale catastrophique. Aucun département n’est épargné. Le département de la Vienne va-t-il prendre la mesure de la gravité de la situation ?

Dans le rapport, il est fait état de destins brisés, de droits de l’enfant bafoués. Le manque de moyens conduit à des situations complètement inextricables et dramatiques. Je ne peux pas croire que la situation dans la Vienne soit différente.

Concernant l’IDEF (Institut Départemental pour la protection de l’Enfance et l’accompagnement des Familles de la Vienne), j’avais alerté le département sur le cadre de vie des enfants à l’IDEF, ainsi que sur les conditions de travail du personnel. Lorsque j’ai demandé des précisions, on m’a simplement annoncé l’achat d’une maison à Mignaloux-Beauvoir et la division du SAO (service d’accueil et d’orientation) en trois unités de huit places (au siège, à Mignaloux et à Châtellerault). On m’a également indiqué que l’IDEF devrait être en capacité de financer lui-même les travaux, car dans le prix de journée qui lui est alloué, une partie devrait être réservée aux investissements. Le département finance l’ARENA mais n’aide pas l’IDEF à la hauteur des besoins, et cette situation est tout simplement scandaleuse. »

Florence Harris en séance

Budget Santé :

Florence Harris a remis en question l’action départementale et parlé de l’accès aux soins : « Je ne vais pas m’attarder sur les détails du budget santé du département de la Vienne. Il est hautement critiquable et complètement déconnecté de la réalité (comme lorsque, par exemple, lundi, au cours de la réunion de la commission, j’ai constaté le coup de rabot important sur les crédits en faveur des associations qui organisent des actions de santé publique. On m’a répondu que ces associations pouvaient très bien boucler leur budget en organisant des lotos ou en vendant des gâteaux).

Je souhaite me concentrer sur un enjeu essentiel : l’accès aux soins.

En France, 6 millions d’habitant·es sont sans médecin·e traitant·e, 8 millions vivent dans un désert médical. La Vienne, malgré une densité de médecins généralistes supérieure à la moyenne nationale, souffre d’un manque cruel de praticien·nes, particulièrement dans les zones rurales et certains quartiers urbains.

Ce problème réside principalement dans une répartition inégale des médecins sur son territoire.

Je tiens à signaler une avancée récente : l’Assemblée nationale a commencé l’examen d’une proposition de loi transpartisane visant à réguler l’installation des médecin·es pour mieux les répartir sur le territoire national. Bien que significative, cette initiative ne suffira pas à elle seule. Il est impératif de mener une politique volontariste et dynamique, à l’image de celle de la Saône-et-Loire.

En 2017, ce département a fait le choix audacieux de créer des centres de santé départementaux. Ce pari s’est avéré être un immense succès, comme me l’a confirmé son président, André Accary, lors des Assises des Départements de France en novembre 2024. Il est extrêmement fier de ce choix (et il l’assume), qui a permis de transformer l’accès aux soins dans son département. En quelques années, ce nouveau service public a permis de recruter plus de 70 médecin·es salarié·es, judicieusement réparti·es sur le territoire. Aujourd’hui, 80 % de la population se trouve à moins de 15 minutes d’un centre de santé.

Chaque année, vous me renvoyez à la notion de rentabilité. Mais posons-nous la question : un service public, qui répond à un besoin vital tel que l’accès aux soins, doit-il être rentable ? Depuis 2009, en 16 ans, la Vienne a aidé 80 médecins à s’installer, soit une moyenne de 5 médecins par an. Cela a-t-il permis de résorber les déserts médicaux ? Certainement pas !

En comparaison, en seulement 4 ans, la Saône-et-Loire a recruté plus de 60 médecin·es. Ils et elles sont maintenant 74. Ce département a fait un choix politique clair et courageux.

En ne répondant toujours pas à une demande croissante des médecin·es souhaitant exercer en tant que salarié·es, le département de la Vienne néglige une opportunité d’améliorer l’accès aux soins pour ses habitant·es.

Je le déplore profondément. J’aurais préféré voir le département ouvrir des centres de santé publics au service de la population, plutôt que de prendre des risques financiers pour soi-disant « soutenir l’économie » à travers des projets dispendieux et extravagants qui ne servent que des intérêts privés. Ces choix empêchent aujourd’hui le département de se consacrer pleinement aux solidarités, alors que les besoins ne cessent de croître. Il n’est jamais trop tard pour changer d’avis. »

Le groupe a voté contre.

Commission Habitat, Logement :

Grégory Vouhé a dénoncé la nouvelle coupe qui affecte l’habitat social :

Commission Culture et Tourisme :

Grégory Vouhé a dénoncé la baisse du budget de la culture, de plus de 40% en deux ans, soit 1M€ en moins pour soutenir les acteurs culturels, alors que la subvention pour l’Historial est maintenue sans changement : la droite départementale a préféré supprimer tous les concerts des Heures vagabondes cet été :

Grégory Vouhé lors d’une interview (Ici Poitou), avril 2025

Budget SDIS :

Ludovic Devergne a mentionné l’intervention d’un·e salarié·e du SDIS lors d’un Conseil d’administration. Ce dernier a rappelé que le service était dans une situation terrible. Il estime d’ailleurs qu’il faudra bientôt faire des choix dans les interventions, tant les moyens dont le SDIS disposent sont insuffisants.

Le groupe s’est abstenu.

Ludovic Devergne, en séance

Vote final du Budget 2025 :

Ludovic Devergne a d’abord remercié les services et les élus qui ont préparé ce budget.

« Il a beaucoup été évoqué l’effet ciseaux qui consiste en la baisse des recettes et la hausse des dépenses. Cet effet ciseaux est incontestable. Il est à l’œuvre c’est évident.

Nous avons accueilli il y a quelques mois la flamme olympique pour 180 000 euros. Pour prolonger cette dynamique, nous pourrions, s’il existait une discipline olympique du coup de ciseaux, vous décerner la médaille d’or.

Nous nous sommes même demandés si le Président argentin ne vous avait pas remis une tronçonneuse lors de votre dernier déplacement, comme à Elon Musk, pour couper dans les dépenses.

L’effet coup de ciseaux concerne de nombreuses politiques départementales et in fine le pacte social.

La situation d’impasse budgétaire est le fruit du contexte national. C’est vrai. Qui pourrait le contester ? Mais elle est aussi le fruit des choix faits par la majorité départementale, en place depuis plusieurs décennies. Les difficultés, ça ne peut pas être que la faute des autres. Il serait en revanche illusoire de vouloir régler tous les problèmes structurels sur un seul exercice budgétaire.

Le département est plus fragile que par le passé. La chambre régionale des comptes l’a souligné dans son rapport, la dette a augmenté de 20% entre 2017 et 2023.

Sur les sujets agricoles, on voit que nous n’arrivons plus à échanger avec la chambre agriculture. Les rapports sont trop conflictuels. C’est inquiétant.

Autre coup de ciseaux, le programme de soutien à l’investissement des communes dégringole de 10%. Le programme de soutien aux intercommunalités 2022/2026 a démarré pour toutes les communes à l’exception de Grand Poitiers. Allez savoir pourquoi, à ce jour en 2025, pas un seul euro n’a été débloqué alors que cette intercommunalité, avec 40 communes, est la plus grande de la Vienne.

Vous poursuivez votre soutien à l’aéroport à hauteur de 1,4 million alors que le syndicat qui en gère l’exploitation dispose d’un excédent budgétaire de plus de 900 000 euros. Il n’est pas normal que l’argent public finance les billets de compagnies aériennes qui pratiquement le dumping fiscal et social.

Le budget de l’action sociale chute de 19%. Il comprend une baisse des aides d’urgence qui ne seront que de 50 euros. Année après année, ces aides sont systématiquement rabotées.

Malgré les hausses votées ces dernières années, la valeur du point GIR, qui sert à calculer la prise en charge pour les personnes dépendantes, reste malgré tout parmi les plus basses de France. Sur 101 départements, nous occupons la très peu glorieuse 96ème place. Un retour vers la valeur moyenne du point GIR en France reste illusoire.

En matière d’éducation, nous ne pouvons que regretter le décalage d’un an de la rénovation des collèges France Bloch, Ronsard, Jardin des Plantes à Poitiers et Descartes à Châtelleault. S’agissant de France Bloch, l’ancien Président Belin s’était rendu en 2017 sur site pour annoncer le début de la rénovation ! (https://www.lanouvellerepublique.fr/poitiers/le-college-france-bloch-serazin-sera-entierement-renove)

De nombreux coups de ciseaux également dans le budget sportif pas très en phase avec la poursuite de l’esprit olympique.

Le budget culture baisse de 40% en 2 ans avec la suppression des heures vagabondes, une belle fête populaire ouverte à celles et ceux qui n’ont pas toujours les moyens d’aller voir des concerts ou de partir en vacances.

La subvention au SDIS est en augmentation. Nous le saluons tout en signalant notre inquiétude. Cette contribution rapportée au nombre d’habitants est parmi les basses de France. Avec des moyens qui restent insuffisants, en cas de sinistre multiples au même moment, les services de secours devraient faire des choix pour prioriser les secours sur un site plutôt qu’un autre.

Nous avons tenu à rappeler que les compétences sociales du département ne doivent pas être vues comme un fardeau. Elles sont au contraire un moyen d’offrir un minimum aux habitants les pauvres tout en les aidant à aller vers l’emploi. »

Compte tenu de tous ces éléments, le groupe a voté contre le budget proposé. Il est le seul groupe à être clairement dans l’opposition.

Le groupe La Vienne en Transition, en séance

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